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Histoire sigillaire de la Morinie




 Le blason d'Artois


En 1180, Isabelle de Hainaut apporte en dot le comté d'Artois lors de son mariage avec Philippe II "Auguste", roi de France. En 1200, leur fils Louis VIII "le Lion", roi de France épouse Blanche de Castille, fille d'Alphonse VIII "le Noble", roi de Castille. Parmi leurs enfants, trois sont particulièrement marquants :

- Saint-Louis (IX), roi de France
- Robert 1er, comte d'Artois
- Charles 1er, comte d'Anjou

Charles et Robert fondèrent chacun leur Maison. La destinée de l'Artois a été immortalisée par Maurice DRUON dans ses "Rois maudits".

Les armes de l'Artois est un écu fleurdelisé chargé par une brisure de cadet. Robert 1er d'Artois a choisi un lambel qu'il a chargé de neuf châteaux. Cette surcharge est un hommage à sa mère Blanche de Castille. Leur nombre est symbolique des neuf châtellenies d'Artois. En conséquence on blasonne ainsi : "de France ancien au lambel de Castille"

Thomas DELVAUX




 Les comtes d'Artois

Robert 1er "le Bon" (ou "le Vaillant"), comte d'Artois (1237), croisé. Fils de Louis VIII, roi de France et de Blanche de Castille. Né en septembre 1216, décédé le 09 février 1250 lors de la bataille de Mansourah.

Mahaut (ou Mathilde) de Brabant. Fille d'Henri II, duc de Brabant et de Marie de Hohenstaufen (petite-fille de Frédéric III "Barberousse"). Née en 1224, décédé le 29 septembre 1288. Elle épouse en 1ère noces Robert 1er d'Artois, le 14 juin 1237 à Compiègne. Entre février et juin 1254, elle se remarie avec Guy III de Châtillon, comte de Saint-Pol (1247) et de Blois. Le 16 janvier 1255, le pape Alexandre IV accorde la dispense pour consanguinité. Guy III de Châtillon exerce une tutelle sur l'Artois pendant la minorité de Robert II d'Artois de 1254 à 1264. De cette alliance se poursuit la suite des comtes de Saint-Pol.

Robert II "le Noble", comte d'Artois (1250), pair de France (1297). Régent du royaume de Naples (1285-7), croisé. Né en août 1250, il est fils posthume de Robert 1er et de Mahaut de Brabant. Il meurt à Courtrai le 11 juillet 1302 lors de la bataille des éperons d'or. Sa disparition est le point de départ de la guerre privée entre sa fille Mahaut et son petit-fils Robert III. Il épousa en 1262 Amicie de Courtenay, en 1277, Agnès de Bourbon, puis en octobre 1298, Marguerite d'Avesnes.


Grand absent de cette page (et pour cause !) : Philippe d'Artois, seigneur de Conches. Fils de Robert II d'Artois et d'Amicie de Courtenay, il nait en 1269 et est l'héritier présomptif du comté d'Artois. Blessé lors de la bataille de Furnes (20 août 1297), il meurt le 11 septembre 1298 après une longue agonie. Il épouse vers 1281 Blanche de Dreux (petite-fille de Henry III "Plantagenêt", roi d'Angleterre).

Mathilde "Mahaut" d'Artois, comtesse d'Artois (1302), pair de France. Soeur de Philippe d'Artois, elle profite de la minorité de son neveu Robert III, âgé alors de 5 ans, et confuse pour lui ravir le comté d'Artois.

Othon IV, dernier comte palatin de Bourgogne. Son territoire est très particulier : on parle de "la franc comté de Bourgogne palatine". En effet, au XII° siècle, les comtes de Bourgogne cherchèrent à s'émanciper de la tutelle impériale et de ruiner l'autorité de leurs concurrents locaux. L'appelation de "franc-comte" de Bourgogne s'imposa donc aussi au territoire.

Distinct du Palatinat Rhénan, la Bourgogne palatine a autorité sur les autres comtés du duché de Bourgogne (résultat de la politique menée supra).

Son sceau est particulièrement intéressant : vers 1280, il renonce aux armes des anciens comtes de Bourgogne (de gueules à l'aigle d'argent) pour ce qui est aujourd'hui encore les armes de la Franche-Comté (d'azur, semé de billettes d'or, au lion du même, armé et lampassé de gueules, brochant sur le tout). Il écartèle ici ses armes avec celles de son épouse signe évident de la place qu'il entend prendre dans la politique française à l'heure où Robert III d'Artois conteste les prétentions de sa femme et où la succession au trône de France est en question.

Robert III d'Artois, seigneur de Conches (1298), comte d'Artois (1302-9), comte de Beaumont-le-Roger (1310), pair de France, comte de Richmond. Neveu de Mahaut d'Artois, son conflit avec sa "bonne tante Mahaut" a été immortalisé par Maurice Druon. Il perdit ses procès devant la cour des pairs (1309 et 1318). Convaincu de faux et usage de faux, il s'exila et fut à l'origine de la guerre de Cent Ans en ravivant les prétentions d'Edouard III (fils de la "Louve de France") sur le trône de France.

Jeanne 1ère de Bourgogne, comtesse d'Artois (1329). Fille de Mahaut d'Artois, femme de Philippe V "le Long", roi de France (1316-22). Elle fut enfermée dans la forteresse de Dourdan à cause de l'adultère de ses belle-soeurs avec les frères d'Aulnay. A la suite de sa réhabilitation par arrêt du Parlement, elle pris sa place de reine de France aux côtés de son époux.

Jeanne II de France, comtesse d'Artois et de Bourgogne, pair de France (1330). Fille de Jeanne 1ère de Bourgogne, elle est née en 1308 et décède en 1347. "Fille de France", elle épouse Eudes IV, duc de Bourgogne (petit-fils de Saint-Louis).

31 ans plus tard, sa soeur cadette Marguerite 1ère obtint ces titres par héritage de son petit-neveu Philippe"de Rouvre(s)".

Eudes IV, duc de Bourgogne (1315). Il tenta d'être l'arbitre lors de la difficile succession des Capétiens en utilisant ses liens privilégiés avec la famille royale (beau-frère des rois de France Louis X, Philippe VI ; oncle de Jeanne II, reine de Navarre ; gendre de Philippe V).

Il fut blessé lors de la bataille de Cassel (1328) et défendit Saint-Omer (1340) contre Robert III d'Artois.

Philippe "de Rouvre(s)", comte de Bourgogne et d'Artois (1347), pair de France, duc de Bourgogne (1349), comte d'Auvergne et de Boulogne (1360). Né fin août 1346, il est le second comte d'Artois à naître posthume. En effet, son père Philippe "Monsieur" meurt le 10 du même mois, écrasé par son cheval lors du siège d'Aiguillon.

Petit-fils de Eudes IV, duc du Bourgogne et de Jeanne II de France, il n'eut guère le temps de profiter de son lourd héritage qui réunifiait d'ailleurs sur une seule tête les deux Bourgognes. Mort en 1361, à 15 ans, son patrimoine fut dispersé en trois agrégats : Jean II, roi de France annexe le duché de Bourgogne ; les comtés de Bourgogne et d'Artois passent à Marguerite 1ère de France (fille de Philippe V, roi de France et de Jeanne 1ère de Bourgogne, comtesse de Bourgogne et d'Artois) ; son petit-neveu, Jean 1er hérita des comtés d'Auvergne et de Boulogne.

A la mort de Marguerite de France, les comtés de Bourgogne et d'Artois passent à Louis II "de Mâle" en 1282. Les Pays-Bas bourguignons sont alors esquissés puisqu'il possède déjà les comtés de Flandre, de Nevers et de Rethel (1346) et le duché de Brabant (1356). Sa fille, Marguerite III de Flandre, hérite de tous ses biens et par sa mère des duchés de Brabant et de Limbourg (1368).

Ainsi, du fait de son mariage avec Philippe "de Rouvre(s)", elle fut comtesse de Bourgogne et d'Artois avant sa grand-mère (Marguerite de France), titres qu'elle recouvra par elle-même en 1284 à la mort de son père (à Saint-Omer le 30 janvier 1384). De même, elle fut deux fois duchesse de Bougogne par mariages en 1357 (avec Philippe "de Rouvre(s)) puis en 1369 (avec Philippe II "le Hardi").


 Bibliographie

Louis DESCHAMPS DE PAS, Sceaux des comtes d'Artois, Paris, 1857
Jean-François NIEUS, Un pouvoir comtal entre Flandre et France, de Boeck, Bruxelles, 2005

Thomas DELVAUX